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Literatura Oral de la Alta Bretaña — La Houle Cosseu

por Paul Sébillot, traducción de Luisa Fernanda Escobar

Traducción del francés por Luisa Fernanda Escobar
Texto original de Paul Sébillot
Edición por Alfonso Conde
Imagen: «Visage dans un rocher» de Mirebeau/Wikimedia Commons

En Saint-Jacut-de-la-Mer se cuenta una leyenda que presenta varios puntos en común con la precedente, cuyos eventos se desarrollan en la Houle Cosseu, gruta situada cerca de la península de Saint-Jacut. Aquí tal y como me la contó, hace unos quince años, mi amigo el doctor Carré, originario de Saint-Jacut, quien la conocía desde su infancia.

Una tarde, al caer la noche, un pescador de Saint-Jacut volvía el último de la pesquería, y, con su canasto bajo el brazo, bordeaba los peñascos que están bajo los acantilados para llegar al sendero que conducía al pueblo. Caminaba descalzo sobre la arena húmeda que acallaba el ruido de sus pasos, cuando en uno de los recodos de una pequeña bahía notó a varias hadas, a quienes reconoció enseguida como tal por sus vestidos; charlaban entre ellas gesticulando con vivacidad, pero él no escuchaba nada de lo que decían. Las vio frotarse los ojos con una suerte de pomada, y de inmediato cambiaron de forma y se alejaron de la gruta, con la apariencia de mujeres ordinarias.

Cuando el pescador las vio prepararse para abandonar su refugio, se escondió con cuidado tras un gran peñasco. Pasaron muy cerca, sin sospechar que habían sido observadas. Cuando pensó que todas estaban lejos, dejó de esconderse y fue directo a la gruta. Tenía un poco de temor, pues el lugar parecía encantado; pero la curiosidad le ganó al miedo. Vio, sobre el muro del peñasco que formaba una de las paredes de la caverna, un poco de la pomada que se habían frotado en los ojos y el cuerpo. Tomó un poco en la yema del dedo y se la puso alrededor del ojo izquierdo, para ver si podría, por ese medio, adquirir la ciencia de las hadas y descubrir los tesoros escondidos.

Algunos días después, una vagabunda hambrienta fue al pueblo a pedir caridad de puerta en puerta; se parecía a las mujeres andrajosas y sucias cuya ocupación es mendigar. Pero el pescador la reconoció de inmediato como una de las hadas que había visto cambiar de forma en la gruta; se fijó en que ella lanzaba maleficios en ciertas casas, y que miraba con cuidado al interior de las viviendas, como si hubiera querido ver si no había nada para hurtar.

Cuando salía a alta mar en su barco, veía a las damas del mar nadar a su alrededor, y las reconocía de entre los peces a los que se parecían en la forma. Los otros marinos no las distinguían; pero él sabía protegerse de las artimañas que jugaban a los pescadores, de las que se regocijaban al enredar los sedales, al comer la carnada sin dejarse atrapar o al enmarañar los amarres de las barcas, fuente de violentas disputas y querellas entre los pescadores.

Tiempo después fue a la feria de Ploubalay, en donde vio varias hadas, que reconoció de inmediato a pesar de sus múltiples disfraces: las unas eran sonámbulas y adivinas de la buena fortuna; otras mostraban curiosidades o tenían juegos de azar en los que los campesinos se dejaban atrapar como pájaros con pegamento. Se aseguró de imitar bien a sus paisanos y de jugar; pero podía percibir que las hadas estaban inquietas, y sentían vagamente que alguien las reconocía y observaba.

También hacían varias cosas con malicia: él se regocijaba con éstas y sonreía al pasearse entre la multitud. Al pasar cerca de una barraca en donde varias hadas se pavoneaban sobre la estrada, notó que también él había sido percibido y observado, y que lo miraban con aire irritado. Quiso alejarse, pero rápida como una flecha, una de las hadas lo chuzó con el bastón que tenía en la mano, en el ojo al que la pomada había vuelto clarividente.

Y es así que el gran Cangnard se volvió tuerto, por haber querido saber los secretos de las hadas del mar.

On raconte à Saint-Jacut-de-la-Mer une légende qui présente plusieurs points de ressemblance avec la précédente, et dont l’action se passe à la Houle Cosseu, grotte située non loin de l’extrémité de la presqu’île de Saint-Jacut ; la voici telle qu’elle m’a été contée, il y a une quinzaine d’années, par mon ami le docteur Carré, originaire de Saint-Jacut, qui la connaissait depuis son enfance.

Un soir, à la nuit tombante, un pêcheur de Saint-Jacut revenait des pêcheries, où il était resté le dernier, et, son panier sous le bras, il longeait les rochers qui sont au bas des falaises pour arriver au sentier qui conduisait au village : il marchait pieds nus sur le sable mouillé qui étouffait le bruit de ses pas, lorsqu’au détour d’une petite anse il aperçut dans une grotte plusieurs fées qu’il reconnut de suite pour telles à leur costume ; elles causaient entre elles en gesticulant avec vivacité, mais il n’entendait rien de ce qu’elles disaient ; il les vit se frotter les yeux avec une sorte de pommade, et aussitôt elles changèrent de forme et s’éloignèrent de la grotte, semblables à des femmes ordinaires.

Lorsque le pêcheur les avait vues se disposer à quitter leur retraite, il s’était caché avec soin derrière un gros rocher, et elles passèrent tout près de lui, sans se douter qu’elles avaient été observées. Quand il pensa qu’elles étaient loin, il cessa de se cacher et alla tout droit à la grotte. Il avait bien un peu frayeur, car l’endroit passait pour hanté ; mais la curiosité l’emporta sur la peur. Il vit, sur la paroi du rocher qui formait une des murailles de la caverne, un reste de la pommade dont elles s’étaient frotté les yeux et le corps. Il en prit un peu au bout de son doigt, et s’en mit tout autour de l’œil gauche, pour voir s’il pourrait, par ce moyen, acquérir la science des fées et découvrir les trésors cachés.

Quelques jours après, une chercheuse de pain vint dans le village où elle demandait la charité de porte en porte : elle paraissait semblable aux femmes déguenillées et malpropres dont le métier est de mendier. Mais le pêcheur la reconnut aussitôt pour une des fées qu’il avait vues changer de forme dans la grotte ; il remarqua qu’elle jetait des sorts sur certaines maisons, et qu’elle regardait avec soin dans l’intérieur des habitations, comme si elle avait voulu voir s’il n’y avait pas quelque chose à dérober.

Quand il sortait au large avec son bateau, il voyait les dames de la mer nager autour de lui, et les reconnaissait parmi les poissons auxquelles elles ressemblaient par la forme. Les autres marins ne les apercevaient pas ; mais lui savait se garantir des tours qu’elles jouent aux pêcheurs dont elles se font un malin plaisir d’embrouiller les lignes, de manger l’amorce sans se laisser prendre, ou d’emmêler les unes dans les autres les amarres des barques, sources de disputes violentes et de querelles entre les pêcheurs.

Quelque temps après, il alla à la foire de Ploubalay, où il vit plusieurs fées, qu’il reconnut aussitôt malgré leurs déguisements variés : les unes étaient somnambules et disaient la bonne aventure ; d’autres montraient des curiosités ou tenaient des jeux de hasard où les gens de campagne se laissaient prendre comme des oiseaux à la glu. Il se garda bien d’imiter ses compagnons et de jouer ; mais il pouvait s’apercevoir que les fées étaient inquiètes, sentant vaguement que quelqu’un les reconnaissait et les devinait.

Aussi elles faisaient plusieurs choses de travers : il s’en réjouissait, et souriait en se promenant parmi la foule. En passant près d’une baraque où plusieurs fées paradaient sur l’estrade, il vit que lui aussi avait été aperçu et deviné, et qu’elles le regardaient d’un air irrité. Il voulut s’éloigner ; mais rapide comme une flèche, l’une des fées lui creva, avec la baguette qu’elle tenait à la main, l’œil que la pommade avait rendu clairvoyant.

C’est ainsi que le grand Cangnard devint borgne pour avoir voulu savoir les secrets des fées de la mer.

(Titre original: Littérature orale de la Haute-Bretagne — La Houle Cosseu)

On raconte à Saint-Jacut-de-la-Mer une légende qui présente plusieurs points de ressemblance avec la précédente, et dont l’action se passe à la Houle Cosseu, grotte située non loin de l’extrémité de la presqu’île de Saint-Jacut ; la voici telle qu’elle m’a été contée, il y a une quinzaine d’années, par mon ami le docteur Carré, originaire de Saint-Jacut, qui la connaissait depuis son enfance.

Un soir, à la nuit tombante, un pêcheur de Saint-Jacut revenait des pêcheries, où il était resté le dernier, et, son panier sous le bras, il longeait les rochers qui sont au bas des falaises pour arriver au sentier qui conduisait au village : il marchait pieds nus sur le sable mouillé qui étouffait le bruit de ses pas, lorsqu’au détour d’une petite anse il aperçut dans une grotte plusieurs fées qu’il reconnut de suite pour telles à leur costume ; elles causaient entre elles en gesticulant avec vivacité, mais il n’entendait rien de ce qu’elles disaient ; il les vit se frotter les yeux avec une sorte de pommade, et aussitôt elles changèrent de forme et s’éloignèrent de la grotte, semblables à des femmes ordinaires.

Lorsque le pêcheur les avait vues se disposer à quitter leur retraite, il s’était caché avec soin derrière un gros rocher, et elles passèrent tout près de lui, sans se douter qu’elles avaient été observées. Quand il pensa qu’elles étaient loin, il cessa de se cacher et alla tout droit à la grotte. Il avait bien un peu frayeur, car l’endroit passait pour hanté ; mais la curiosité l’emporta sur la peur. Il vit, sur la paroi du rocher qui formait une des murailles de la caverne, un reste de la pommade dont elles s’étaient frotté les yeux et le corps. Il en prit un peu au bout de son doigt, et s’en mit tout autour de l’œil gauche, pour voir s’il pourrait, par ce moyen, acquérir la science des fées et découvrir les trésors cachés.

Quelques jours après, une chercheuse de pain vint dans le village où elle demandait la charité de porte en porte : elle paraissait semblable aux femmes déguenillées et malpropres dont le métier est de mendier. Mais le pêcheur la reconnut aussitôt pour une des fées qu’il avait vues changer de forme dans la grotte ; il remarqua qu’elle jetait des sorts sur certaines maisons, et qu’elle regardait avec soin dans l’intérieur des habitations, comme si elle avait voulu voir s’il n’y avait pas quelque chose à dérober.

Quand il sortait au large avec son bateau, il voyait les dames de la mer nager autour de lui, et les reconnaissait parmi les poissons auxquelles elles ressemblaient par la forme. Les autres marins ne les apercevaient pas ; mais lui savait se garantir des tours qu’elles jouent aux pêcheurs dont elles se font un malin plaisir d’embrouiller les lignes, de manger l’amorce sans se laisser prendre, ou d’emmêler les unes dans les autres les amarres des barques, sources de disputes violentes et de querelles entre les pêcheurs.

Quelque temps après, il alla à la foire de Ploubalay, où il vit plusieurs fées, qu’il reconnut aussitôt malgré leurs déguisements variés : les unes étaient somnambules et disaient la bonne aventure ; d’autres montraient des curiosités ou tenaient des jeux de hasard où les gens de campagne se laissaient prendre comme des oiseaux à la glu. Il se garda bien d’imiter ses compagnons et de jouer ; mais il pouvait s’apercevoir que les fées étaient inquiètes, sentant vaguement que quelqu’un les reconnaissait et les devinait.

Aussi elles faisaient plusieurs choses de travers : il s’en réjouissait, et souriait en se promenant parmi la foule. En passant près d’une baraque où plusieurs fées paradaient sur l’estrade, il vit que lui aussi avait été aperçu et deviné, et qu’elles le regardaient d’un air irrité. Il voulut s’éloigner ; mais rapide comme une flèche, l’une des fées lui creva, avec la baguette qu’elle tenait à la main, l’œil que la pommade avait rendu clairvoyant.

C’est ainsi que le grand Cangnard devint borgne pour avoir voulu savoir les secrets des fées de la mer.

En Saint-Jacut-de-la-Mer se cuenta una leyenda que presenta varios puntos en común con la precedente, cuyos eventos se desarrollan en la Houle Cosseu, gruta situada cerca de la península de Saint-Jacut. Aquí tal y como me la contó, hace unos quince años, mi amigo el doctor Carré, originario de Saint-Jacut, quien la conocía desde su infancia.

Una tarde, al caer la noche, un pescador de Saint-Jacut volvía el último de la pesquería, y, con su canasto bajo el brazo, bordeaba los peñascos que están bajo los acantilados para llegar al sendero que conducía al pueblo. Caminaba descalzo sobre la arena húmeda que acallaba el ruido de sus pasos, cuando en uno de los recodos de una pequeña bahía notó a varias hadas, a quienes reconoció enseguida como tal por sus vestidos; charlaban entre ellas gesticulando con vivacidad, pero él no escuchaba nada de lo que decían. Las vio frotarse los ojos con una suerte de pomada, y de inmediato cambiaron de forma y se alejaron de la gruta, con la apariencia de mujeres ordinarias.

Cuando el pescador las vio prepararse para abandonar su refugio, se escondió con cuidado tras un gran peñasco. Pasaron muy cerca, sin sospechar que habían sido observadas. Cuando pensó que todas estaban lejos, dejó de esconderse y fue directo a la gruta. Tenía un poco de temor, pues el lugar parecía encantado; pero la curiosidad le ganó al miedo. Vio, sobre el muro del peñasco que formaba una de las paredes de la caverna, un poco de la pomada que se habían frotado en los ojos y el cuerpo. Tomó un poco en la yema del dedo y se la puso alrededor del ojo izquierdo, para ver si podría, por ese medio, adquirir la ciencia de las hadas y descubrir los tesoros escondidos.

Algunos días después, una vagabunda hambrienta fue al pueblo a pedir caridad de puerta en puerta; se parecía a las mujeres andrajosas y sucias cuya ocupación es mendigar. Pero el pescador la reconoció de inmediato como una de las hadas que había visto cambiar de forma en la gruta; se fijó en que ella lanzaba maleficios en ciertas casas, y que miraba con cuidado al interior de las viviendas, como si hubiera querido ver si no había nada para hurtar.

Cuando salía a alta mar en su barco, veía a las damas del mar nadar a su alrededor, y las reconocía de entre los peces a los que se parecían en la forma. Los otros marinos no las distinguían; pero él sabía protegerse de las artimañas que jugaban a los pescadores, de las que se regocijaban al enredar los sedales, al comer la carnada sin dejarse atrapar o al enmarañar los amarres de las barcas, fuente de violentas disputas y querellas entre los pescadores.

Tiempo después fue a la feria de Ploubalay, en donde vio varias hadas, que reconoció de inmediato a pesar de sus múltiples disfraces: las unas eran sonámbulas y adivinas de la buena fortuna; otras mostraban curiosidades o tenían juegos de azar en los que los campesinos se dejaban atrapar como pájaros con pegamento. Se aseguró de imitar bien a sus paisanos y de jugar; pero podía percibir que las hadas estaban inquietas, y sentían vagamente que alguien las reconocía y observaba.

También hacían varias cosas con malicia: él se regocijaba con éstas y sonreía al pasearse entre la multitud. Al pasar cerca de una barraca en donde varias hadas se pavoneaban sobre la estrada, notó que también él había sido percibido y observado, y que lo miraban con aire irritado. Quiso alejarse, pero rápida como una flecha, una de las hadas lo chuzó con el bastón que tenía en la mano, en el ojo al que la pomada había vuelto clarividente.

Y es así que el gran Cangnard se volvió tuerto, por haber querido saber los secretos de las hadas del mar.

Luisa Fernanda Escobar es docente de Humanidades e idiomas desde hace 8 años, impartiendo clases de inglés, francés y español en diferentes contextos comunicativos y con poblaciones de diferentes edades y contextos culturales.

Durante el tiempo de pandemia, desarrolló interés por la traducción de textos literarios. Cursó un diplomado en este campo con énfasis en el francés en el Instituto Caro y Cuervo y, con la culminación del mismo, siguió traduciendo de manera autónoma e independiente, ahondando, al tiempo, en el análisis de traducciones de textos para niños, niñas y adolescentes.

Actualmente asiste a la escuela Distrital de Traducción Literaria ofrecido por el Instituto Distrital de las Artes IDARTES en Bogotá. Así mismo, es cofundadora del Ciclo de Poesía Independiente del municipio de Sibaté, en donde busca fomentar la escritura y lectura de poesía y literatura en el municipio.